Changer le monde

Nous rêvons tous de changer le monde, de lutter contre l’injustice et l’oppression, de trouver une solution à tous les malheurs auxquels nous sommes confrontés. Alors, nous brandissons des pancartes pour crier notre colère, nous voulons faire « la révolution ». Si le monde est ce qu’il est, c’est à cause de notre ignorance et le monde ne changera que si nous commençons par nous changer nous-même. Quelle révolution a apporté une solution aux problèmes de ce monde ? Des améliorations à la périphérie, certes, mais sur le fond, le monde continue à tourner comme avant, les plus forts, les plus égoïstes, remportent la meilleure part en piétinant le reste des habitants de la planète, et pillent les ressources de celle-ci à leur seul profit. Le reste de la population accepte cela, car les gens espèrent à leur tour de profiter un peu de ces richesses, sans se soucier que le surplus qu’ils réclament comme leur dû est le nécessaire qui manquera à l’autre.

L’ignorance de ce que nous sommes est la cause de cet égoïsme et tant que cet égoïsme (qu’on appelle aussi individualisme pour en atténuer un peu le sens et le rendre supportable) durera, le monde n’est pas près de changer. Lutter contre l’ignorance, ce n’est pas acquérir du savoir, on a vu des savants tout aussi égoïstes que le reste de la population, même si un peu de réflexion pourrait amener à essayer de changer de comportement, mais ce n’est pas de cette connaissance dont il est question, mais de la connaissance de soi, comme les sages de Delphes l’avaient gravé au fronton de leur temple : « Connais-toi toi-même ! ». Qui sommes-nous vraiment ? Voilà ce que nous devons découvrir, et nous-seuls pouvons le faire, c’est une démarche personnelle, s’il y a bien un individualisme qui en vaille la peine, c’est celui-là : se découvrir, découvrir notre vraie nature, notre être profond, c’est l’éveil à cette conscience qui nous fera jeter un autre regard sur le monde dans lequel nous vivons et sur les êtres qui l’habitent, et découvrir au plus profond de nous le respect que l’on doit à ces êtres, à cette nature, à cet univers. Seule cette conscience de ce que nous sommes, de ce qu’est ce monde dans lequel nous vivons nous amènera à le respecter, et dans ce respect est la solution à tous les maux que nous subissons et que nous déplorons. Si l’on respecte l’autre, va-t-on l’exploiter afin de s’enrichir ? Si l’on respecte la nature, va-t-on la piller et l’épuiser, la polluer jusqu’à la rendre invivable aux générations futures ? Mais pour trouver en nous ce respect, il faut en connaître la vraie nature, la nôtre, celle d’autrui, celle de l’univers qui nous accueille pour un laps de temps limité en tant qu’êtres humains. Et cette connaissance, nous devons l’acquérir par nous même, nous devons parcourir ce chemin, personne ne le fera à notre place, aucune révolution ne va le décréter, aucun mouvement de foule ne s’y substituera. Si nous ne nous prenons pas en charge, personne ne viendra le faire à notre place.

Si vous voulez changer le monde, changez-vous vous-même d’abord, car c’est vous qui faites que le monde est ce qu’il est. Le moyen, à vous de le trouver, mais pour le trouver, il faut commencer par le chercher. Celui qui recherche avec sincérité trouvera. Les religions ont proposé des solutions, mais il semble bien que malgré la sincérité de leurs fondateurs, le propos initial ait été enfoui, au cours des ans, sous des croyances, des dogmes, des rites, qui ont plutôt masqué ce message qu’ils ne l’ont perpétué. Il faut revenir à la source, s’éveiller à cette conscience qui est en nous et qui est la source du respect nécessaire à une vie harmonieuse dans ce monde. La clé est dans notre souffle, qu’en latin, les anciens sages nommaient « anima ». L’anima, le souffle, ce qui anime le monde. Personne ne respirera à votre place, et le monde ne changera que si vous commencez par vous changer vous-même.

Le dit d’Athanase, le sage de la montagne.

Valéry Sauvage – 14/02/2022

Éveil


Vient un jour où enfin l’on s’éveille,
où l’on comprend toutes les choses qui nous entourent.
L’Homme d’instinct ne les comprend que selon ses passions,
l’Homme de pensées les examine, les classe, colle des étiquettes.
Tous pensent avoir compris, mais ils ne savent pas.
L’éveil n’a pas besoin de mots, comment pourrait-on expliquer Cela ?
Cela se vit en nous, bien qu’au-delà de nous.
Cela est infini, dans le temps et l’espace.
Dites-moi, quel est le nombre qui marque l’infini ?
Les mots pour en parler ne sont que pierres blanches,
pour montrer le chemin.
Mais, si on ne s’engage sur ce chemin, comment savoir où il mène ?
Il mène en un lieu et un temps où nous sommes déjà :
Ici et maintenant.

Le dit d’Athanase, le sage de la montagne

Valéry Sauvage – 2 février 2022