Absence de raison ?

Absence de raison ?

Silence, pas de questions !

Se fondre dans le moule,

Suivre la longue file

Qui, comme les fourmis,

Accomplit sans répit

Tous ses petits travaux.

Mais mon cœur trop serré

Dans ce corset étroit,

Cherche à s’en évader,

Voudrait suivre sa voie.

Au diable les fumées

D’un monde industriel,

Chimères audiovisuelles,

Retraites programmées,

Des guerres et des conflits,

L’argent que je vomis.

Moi je voudrais la paix,

Vivre au milieu des bois

Près d’un petit ruisseau

Où boivent les oiseaux.

Regarder le matin

Se lever le soleil

Avec la joie au cœur

D’une telle merveille.

Valéry Sauvage (Poésies – 1994)

En nous est une porte

En nous est une porte,

une issue qui nous mène vers un autre univers.

Il nous est arrivé parfois de la franchir,

un peu à notre insu, à notre étonnement.

Mais, une fois ces instants magiques évanouis,

à tout jamais gravés dans nos mémoires,

leur souvenir nous hante : comment les retrouver ?

Comment retourner dans cet étrange monde où l’on se sent chez soi,

où l’on sait que l’on est juste à la bonne place,

au bon moment, où l’on est vraiment bien.

Alors, au long de notre vie, nous cherchons notre route.

Nous nous heurtons aux quatre coins du monde,

et malgré les instants de joie que l’on peut rencontrer,

au gré d’une rencontre, au sein d’une amitié,

devant un paysage, ce n’est jamais pareil

que quand la porte, en nous,

avait laissé filtrer son rayon de lumière.

À quoi bon cette course que nous menons sans cesse ?

En nous est une porte,

une issue qui nous mène vers un autre univers.

Pourquoi cherchons-nous au-dehors ce qui se trouve à l’intérieur.


Le dit d’Athanase, le sage de la montagne.

La vie c’est autre chose

La vie c’est autre chose

Que cet alignement d’événements incongrus

Sur lesquels nous croyons parfois avoir prise,

Mais qui, au bout du compte, toujours nous échappent.

Je doute constamment de la réalité des choses.

Dans ce vaste théâtre, je suis parfois acteur,

Plus souvent spectateur, me tenant à l’écart,

Cherchant une sortie vers le monde réel,

Un peu de vraie lumière, plutôt que les chandelles.

Tout bouge, tout s’agite, on s’aime, on se combat,

On joue, on rie, on pleure et puis enfin on meurt.

La vie c’est autre chose, c’est cet Amour immense

Qui n’a pas de frontières, de désirs ni de peines.

Un Amour qui se donne, sans risque de le perdre

Car en nous est la source qui jamais ne tarit.

Valéry Sauvage (1994)