Une grande question


Ô, toi, humain, qui avance sur ce chemin,
avec dans ton cœur une grande question,
que fais-tu de ta vie ?
Combien de soucis, de tracas, sont venus recouvrir
le regard de l’enfant se tournant vers le ciel ?
Quelle était ta question ?
Combien y a-t-il d’étoiles ?
Jusqu’où va l’infini ?
Quelle est la Vérité ?
As-tu enfin trouvé une réponse ?
Elle n’est pas dans les livres,
elle n’est pas dans les temples
et il n’est pas de mots capables de la dire.
Elle est là pourtant, qui réside dans ton cœur,
mais c’est toi seul qui peux y accéder.
Aucun être au monde ne peut dire ta vérité,
tout au plus certains essayent d’évoquer
ce qu’ils ont ressenti en eux.
Mais pour le savoir, il faut suivre toi-même la route qui y mène.
Tout au plus, un guide peut montrer le chemin,
mais ce sont tes pieds qui te portent au long du voyage,
et qui pourrait prétendre respirer à ta place ?
Alors, en parcourant ce chemin, on s’aperçoit
que la vérité que l’on cherche n’est pas tout au bout du trajet,
qu’il n’y a pas de but qu’il faudrait atteindre,
mais que c’est chaque pas, chaque souffle,
qui nous ouvre la porte d’un infini qui est à l’intérieur.

Le dit d’Athanase, le sage de la montagne

Valéry Sauvage – décembre 2021


L’Homme dans le labyrinthe


Nous voici, errant sans fin dans cet espace clos,
cherchant l’issue qui toujours se dérobe,
nous cognant chaque jour à des murs érigés sans raison.
Ici ce sont des pièges que les autres nous tendent,
qui nous incitent à en creuser aussi,
là sont des lieux qui nous semblent paisibles, où l’on s’endort
dans des rêves sans fin, qui tournent aux cauchemars.
Alors, se présentent des guides qui prétendent
connaître le chemin, nous invitent à les suivre.
Mais le chemin qu’ils vantent se trouve dans l’au-delà,
eux-mêmes, tout comme nous, sont coincés ici-bas.
En attendant que le temps s’accomplisse,
ils nous font réciter des mots, réaliser des gestes
qui ont perdu leur sens, mais qui nous font passer le temps,
penser à autre chose que de chercher l’issue.
Il en est d’autres, encore, qui, contents de leur sort,
ont décoré l’endroit, l’ont rendu bien plaisant.
Mais on voit bien, à leurs visages tristes,
que ce contentement, ce n’est qu’une apparence.
D’anciens sages avaient, au fronton de leur temple,
gravé cette sentence : « Connais-toi toi-même ».
Mais que savons-nous de ce que vraiment nous sommes ?
Ces pensées qui sans fin tourbillonnent dans nos têtes ?
Ces savoirs complexes, qui sont comme autant de cartes
des voies qui composent ce labyrinthe,
sans en donner jamais l’issue ?
Mais nous ne sommes pas seulement ce qui grouille dans nos têtes,
nous sommes aussi ce souffle qui, de notre naissance
et jusqu’à notre mort, toujours nous accompagne.
« Tu es Cela », disait l’Upanishad.
Se connaître soi-même, c’est connaître Cela,
c’est connaître le souffle, qui nous montre l’issue du labyrinthe,
qui brise enfin les murs dans lesquels nos pensées nous enferment.


Le dit d’Athanase, le sage de la montagne
Valéry Sauvage – décembre 2021