Je me suis heurté aux quatre coins du monde
en cherchant le bonheur.
Je l’ai souvent rencontré,
mais à peine en avais-je goûté le parfum,
qu’il avait disparu, évanoui, dissipé,
laissant derrière lui comme une trace,
faite de tristesse mélancolique, de regrets,
agréables souvenirs, évanescents,
mais parfois aussi une douleur profonde.
Plus le bonheur goûté avait été violent,
plus sa perte laissait dans mon cœur une blessure béante.
Pourtant ce parfum si subtil, je le gardais en moi,
et en quelque occasion, il surgissait,
à l’improviste, sans prévenir, me disant en un souffle :
« Je suis là ! » afin que je n’oublie ma quête.
Je me suis heurté aux quatre coins du monde,
là où je l’avais trouvé, il avait disparu,
si je ne l’attendais, soudain il surgissait,
mais aussitôt, à peine l’avais-je entrevu,
de nouveau, il s’était évanoui, laissant sa trace en moi,
je la ressentais souvent, en poussant des soupirs.
Puis, un jour, dans ces soupirs, j’ai trouvé.
Le bonheur était là, dans ce souffle.
Ce n’était pas dans la rencontre avec une personne,
dans la vision d’une belle perspective,
dans la joie d’une fête, au milieu des amis.
C’était en moi que se trouvait ce bonheur que je cherchais sans cesse,
la sensation, la joie, l’amour, c’était dedans qu’ils se trouvaient,
dans ce souffle qui caressait mon cœur.
Alors, j’ai pris le temps de regarder en moi,
le temps de respirer, comme ça, pour rien,
juste pour sentir en mon sein l’air, le flux et le reflux de la vie,
le souffle qui va, qui vient, et la joie qu’il contient,
qui ne dépend de rien, mais qui est toujours là, fidèle,
qui ne nous coûte rien que l’effort d’y prêter attention.
Ce n’est pas le monde qui peut nous rendre heureux,
c’est la manière dont nous pouvons le voir,
quand nous ouvrons nos yeux et que nous regardons ce souffle,
qui en lui seul contient tout le bonheur dont nous avons besoin.
Depuis ce jour, j’ai cessé de me heurter aux quatre coins du monde.
Valéry Sauvage – 30 janvier 2022