Aux quatre coins du monde


Je me suis heurté aux quatre coins du monde
en cherchant le bonheur.
Je l’ai souvent rencontré,
mais à peine en avais-je goûté le parfum,
qu’il avait disparu, évanoui, dissipé,
laissant derrière lui comme une trace,
faite de tristesse mélancolique, de regrets,
agréables souvenirs, évanescents,
mais parfois aussi une douleur profonde.
Plus le bonheur goûté avait été violent,
plus sa perte laissait dans mon cœur une blessure béante.
Pourtant ce parfum si subtil, je le gardais en moi,
et en quelque occasion, il surgissait,
à l’improviste, sans prévenir, me disant en un souffle :
« Je suis là ! » afin que je n’oublie ma quête.

Je me suis heurté aux quatre coins du monde,
là où je l’avais trouvé, il avait disparu,
si je ne l’attendais, soudain il surgissait,
mais aussitôt, à peine l’avais-je entrevu,
de nouveau, il s’était évanoui, laissant sa trace en moi,
je la ressentais souvent, en poussant des soupirs.
Puis, un jour, dans ces soupirs, j’ai trouvé.
Le bonheur était là, dans ce souffle.
Ce n’était pas dans la rencontre avec une personne,
dans la vision d’une belle perspective,
dans la joie d’une fête, au milieu des amis.
C’était en moi que se trouvait ce bonheur que je cherchais sans cesse,
la sensation, la joie, l’amour, c’était dedans qu’ils se trouvaient,
dans ce souffle qui caressait mon cœur.
Alors, j’ai pris le temps de regarder en moi,
le temps de respirer, comme ça, pour rien,
juste pour sentir en mon sein l’air, le flux et le reflux de la vie,
le souffle qui va, qui vient, et la joie qu’il contient,
qui ne dépend de rien, mais qui est toujours là, fidèle,
qui ne nous coûte rien que l’effort d’y prêter attention.
Ce n’est pas le monde qui peut nous rendre heureux,
c’est la manière dont nous pouvons le voir,
quand nous ouvrons nos yeux et que nous regardons ce souffle,
qui en lui seul contient tout le bonheur dont nous avons besoin.

Depuis ce jour, j’ai cessé de me heurter aux quatre coins du monde.

Valéry Sauvage – 30 janvier 2022

Mettre un pied devant l’autre

Mettre un pied devant l’autre,
sans penser au pas que l’on vient de faire,
ni à celui qui va venir.
Carpe diem, c’est vivre l’instant,
non pas en profiteur, en jouisseur du plaisir qui passe,
mais juste être présent à ce qui se passe, maintenant.
Inspirer, et ressentir la vie qui vient en nous,
expirer et sentir l’air que l’on retourne,
le chemin que cet air parcourt en nous,
et qui est notre vie, du début à la fin,
mais en être conscient, juste en cet instant présent,
voilà qui fait toute la différence.
Être conscient de la vie qui nous traverse,
instant après instant, pas après pas,
quand, au plus profond de nous on ressent qu’on est ici,
juste au bon moment, au bon endroit.
N’est-ce pas cela, la clé du bonheur ?

Le dit d’Athanase, le sage de la montagne.
Valéry Sauvage – 14/01/2022

Simplicité

Je sais, les choses que j’écris paraissent naïves, souvent, simplistes. Je l’assume et je le revendique.
On me rétorque que, oui, les choses sont bien plus compliquées que ça. Bon, et alors ? Qui est-ce qui les complique à ce point ? Notre cerveau, avide de concepts, de pensées complexes, de réflexions « profondes », mais qui passe à côté de l’essentiel le plus souvent. À trop vouloir expliquer, on en oublie de vivre. Et il est des choses qui sont inexplicables, il n’est pas possible, ni même utile, de mettre des mots dessus, il n’est nécessaire que d’en faire l’expérience, par soi-même, pour soi-même et cela se suffit, quand on vit l’expérience, a-t-on vraiment besoin en plus, de se l’expliquer ?
Et pour la partager avec d’autres, quelques mots simples, pour indiquer la voie à suivre, pour qu’ils puissent à leur tour faire leur propre expérience, c’est bien suffisant, plutôt que de tenter vainement de formuler l’informulable et le rendre plus obscur encore ?
Voilà, je suis déjà ici bien trop compliqué. Le lâcher prise, c’est aussi arrêter de se prendre la tête. Ce que l’on cherche est simple, à portée de main (ou plutôt à portée de souffle) et toutes ces grandes théories n’ont jamais permis d’y accéder, alors laissons tomber et respirons un peu…

Le dit d’Athanase, le sage de la montagne
Valéry Sauvage – janvier 2022

Retrouver la sincérité de notre âme d’enfant

Que pourrait-on souhaiter d’autre, que de retrouver la sincérité de notre âme d’enfant.
Où sont donc ces jours où nous voyions la beauté de ce monde, les yeux émerveillés. Puis nous avons grandi et nous avons baissé les bras devant la société que l’on nous proposait. Il nous faut maintenant accepter ce monde décevant, que les politiques, les religieux, les savants et quelques beaux parleurs gèrent pour nous, nous laissant nous contenter de plaisirs frelatés qui, une fois goûtés, nous laissent dans la bouche une saveur amère.
Il faut trouver en nous la force, inspirer longuement, puis souffler sur la petite braise qui reste encore cachée là, au plus profond de nous, ranimer cette flamme, qu’elle soit une lumière à suivre, éclairant le chemin, que l’on retrouve enfin la sincérité de notre âme d’enfant.
Personne ne pourra le faire à notre place, personne ne changera pour nous le monde où nous vivons, c’est à chacun de nous de faire le premier pas, d’inspirer, d’expirer pour que brille la flamme, pour retrouver enfin la sincérité de notre âme d’enfant.

Le dit d’Athanase, le sage de la montagne
Valéry Sauvage – 3 janvier 2022