Sésame

Se fondre enfin dans l’océan de paix et de sérénité.
Chacun de nos souffles est le sésame qui nous ouvre la porte.
Ce que l’on trouve, quand la porte est ouverte,
qui est en nous, mais nous dépasse et nous englobe,
c’est la vie elle-même, l’énergie qui soutient l’univers.
Et qu’importe le nom qu’on voudra lui donner,
quels que soient les mots dont on va l’habiller,
seule compte l’expérience qui se révèle à l’intérieur.
C’est l’âme du monde, et en nous elle réside,
comme en toutes choses : les roches, l’eau, le feu,
les plantes et les bêtes, et la voûte étoilée.
Comme nous semblent futiles tous nos petits déboires,
nos ennuis, nos pensées, nos peines et nos joies,
quand on se laisse enfin porter par cette vague immense
de douceur et de joie, d’amour et de tranquillité.
Est-il vraiment besoin toujours d’analyser,
de mettre à la suite des mots sur le papier,
de créer des concepts, des dogmes, des idées,
de construire des temples où l’on ira prier ?
Alors que c’est en nous, toujours, à chaque instant.
Chacun de nos souffles est le sésame qui nous ouvre la porte.

Le dit d’Athanase (le sage de la montagne).
Valéry Sauvage
21/05/2021

La machine à bonheur

La machine à bonheur est juste là, à l’intérieur.
Pour la faire fonctionner, il suffit d’un peu d’air.
J’inspire, j’expire, allez, encore un peu, et me voilà heureux.
L’humain peut sembler parfois bien étrange.
Il court dans tous les sens, comme s’il avait perdu ses clés,
mais il n’a pas pensé à chercher dans ses poches.
« Cela ne se peut pas, c’est bien plus compliqué »,
c’est ce qu’on me rétorque, mais ceux qui me le disent,
Ont-ils seulement pris le temps d’essayer ?
Certainement, dans leur tête, oui, c’est très sophistiqué.
Sont-ils heureux pour autant, dans leurs profondes réflexions ?
Ce n’est pas, en tout cas, l’impression qu’ils nous donnent.
Penser, en soi, n’est pas mauvais, l’outil a ses usages,
il serait maladroit de s’en passer, et ce serait dommage.
Mais l’on ne doit en attendre plus qu’il n’a à offrir.
Pour être heureux, un seul moteur :
Inspirer, expirer, tout le monde sait le faire,
mais là-dessus, il faut porter une attention certaine,
et l’on commence, à l’intérieur, à percevoir la sensation subtile.
Quelle joie de trouver, si proche en soi, cette chose précieuse,
que l’on avait cherchée, sa vie durant, sans pouvoir la trouver.
Mais le dire n’est rien, à vous d’emprunter ce chemin.
La machine à bonheur est juste là, à l’intérieur,
personne à votre place ne pourra la trouver.

Le dit d’Athanase, le sage de la montagne.

Valéry Sauvage (mai 2021)

Quelques ancolies

Souchon voulait regarder « sous les jupes des filles »… il devrait aimer cette fleur.

« Elles très fières
Sur leurs escabeaux en l’air
Regard méprisant et laissant le vent tout faire
Elles dans l’suave
La faiblesse des hommes elles savent
Que la seule chose qui tourne sur terre
C’est leurs robes légères »
(Alain Souchon)

Le flux et le reflux

Le flux et le reflux de l’air
qu’on inspire et qu’on expire
caressent en nous la lampe merveilleuse.
Alors le génie s’éveille,
Et ce génie, c’est l’âme du monde.
À vrai dire, c’est nous qui nous éveillons,
car l’âme du monde était toujours là,
présente, fidèle, mais silencieuse.
Ici, le conte s’arrête.
Non, il n’y a pas de souhaits à formuler,
au nombre de trois, comme le veut la légende,
car le génie, ici, n’a à offrir qu’un unique cadeau.
Et c’est le bonheur, le vrai bonheur.
Pas ces apparences de bonheur que nous avons connues,
petites joies passagères d’un instant, d’un lieu, d’une rencontre.
Certes, ces instants nous ont marqués, car ils étaient comme le reflet,
ils avaient comme l’apparence du vrai bonheur qui se dévoile.
Mais ce bonheur est là, déjà, en nous depuis toujours, jusqu’à la fin.
Il suffit de l’invoquer, d’appeler le génie de la lampe,
de caresser la lampe avec le flux et le reflux de notre souffle,
et le bonheur est là, immuable, indicible, éternel.


Valéry Sauvage
Le dit d’Athanase, le sage de la montagne
4 mai 2021