Tout au fond de nous

Et tout au fond de nous gît notre humanité.
Oubliée, enfouie sous la poussière,
tandis que nous grognons, au milieu de la meute,
nous disputant un os dont ceux qui nous dirigent
ont prélevé la viande, avant de nous l’abandonner.
Il est long, le chemin menant à la lumière qui brille au fond de nous,
et pourtant il nous faut, pas à pas en suivre le tracé.
Au jour de notre mort, à l’heure du bilan,
que nous puissions nous dire : J’ai fait ce qu’il fallait,
ma vie ne fût pas vaine, j’ai découvert en moi ce qui compte vraiment.
Je me suis écarté de la meute et de l’os,
j’ai regardé enfin au plus profond de moi, et j’ai vu qu’il y avait mon âme.
Toujours elle était là, elle n’attendait que moi,
que j’y prête attention plutôt qu’à ces chimères.
Il a fallu que j’apprenne à mon esprit troublé,
à rechercher en moi cette source paisible,
à détacher mes sens de ce vain tourbillon que le monde fait miroiter autour,
pour trouver enfin le sens de la vie.
Et tout au fond de nous gît notre humanité,
Voilà ce vers quoi il nous faut nous tourner.

Le dit d’Athanase, le sage de la montagne

Valéry Sauvage – mai 2022