La mémoire d’antan

Un poème écrit il y a bien longtemps, mais qui résonne toujours en moi.

La mémoire d’antan

Qu’en est-il de ces heures passées à réfléchir
À la vie qui s’enfuit, au moment de partir.
Se poser des questions sur ce qui vient après,
Où sont les êtres chers, mais qui donc le sait ?
Et que restera-t-il de ce qui dans nos vies
Nous fit tant de délices, nous causa tant d’ennuis ?
De nos grandes actions, de nos petits méfaits,
De ce qu’on trouva beau, de ce qu’on trouva laid :
Un simple souvenir chez nos petits enfants,
Quelques pages d’un livre, la mémoire d’antan.
Il restera surtout quelques grains de poussière,
Une vague impression de ce qui fut hier.
Car issus du passé, préparant l’avenir,
C’est bien pour aujourd’hui que nous devons fleurir.
Il n’est pas de demain comme il n’est pas d’avant.
Oui, pour nous ici-bas, il n’est que maintenant.

Valéry Sauvage (1994)

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Colibri (encre de Chine)

L’humanité : un orchestre à accorder ?

Peinture naïve d'inspiration warli
Peinture naïve d’inspiration warli

Petite réflexion philosophique en période de confinement.

J’ai cette impression, et je ne dois pas être le seul, d’une humanité cacophonique. Comme un grand orchestre où tous les musiciens jouent leur partition mais sans s’être accordés au préalable, ni leur instrument lui-même, ni encore avec les autres musiciens.
Alors peut-être faudrait-il tout d’abord s’accorder. Mais sur quelle fréquence ? Il faut qu’on se mette d’accord sur une fréquence commune.
Qu’avons-nous donc en commun ?
L’origine ? Non, elle diffère en fonction de notre lieu de naissance. La couleur de la peau aussi diffère, le langage, les habitudes culinaires. Dans le domaine intellectuel, c’est pire encore, chacun a sa propre pensée, issue de son éducation, de sa culture, de ses lectures, de son vécu, etc. Ne parlons pas des religions, censées nous relier, comme l’intitulé semblerait l’indiquer, mais qui, depuis la nuit des temps, n’ont fait que nous séparer, au point de nous amener à nous battre et à nous entre-tuer pour imposer à l’autre le dogme qu’on s’était choisi (ou que d’autres avaient choisi pour nous).
En cherchant bien, je n’ai trouvé qu’une chose qui est commune à tout être humain vivant sur cette planète : il respire ! Ce souffle vital nous accompagne du début à la fin. Nous naissons et prenons notre première inspiration, nous quittons ce monde en expirant. Et entre ces deux bornes, nous respirons à chaque instant, sans même en être conscients. Voilà ce sur quoi nous pouvons nous accorder : notre souffle, en le contemplant, en étant conscient que c’est ce qui nous anime : l’anima (qui a donné l’âme soit dit en passant, même si cette notion a été galvaudée ensuite par bien des religions). D’ailleurs dans de multiples traditions on retrouve cette observation du souffle à l’origine de pratiques destinées à amener l’homme à une conscience « éveillée ».
Donc nous pourrions nous accorder sur la fréquence de notre respiration, l’observer, en être conscients, nous rendre compte que c’est ce qui nous relie au monde qui nous entoure, et que c’est ce que nous avons de plus fondamental en partage avec le reste de l’humanité. Ainsi accordés, avec nous-même et avec les autres, peut-être pourrions-nous jouer une musique apaisée, sereine, bénéfique pour l’humanité et pour la planète sur laquelle nous vivons ?